lundi 29 octobre 2012

NOMADES ou « RESIDENTS DE LA DETRESSE »

Commentaire que j'ai posté sur le forum du Think Tank GNOVA au sujet d 'un article écrit par Mr Lyonel Artusio, secrétaire des affaires étrangère d' administration au ministère des affaires étrangères. http://www.linkedin.com/groups/Think-Tank-GNOVA-4615680?trk=myg_ugrp_ovr




Et si aujourd’hui les Roms, n’étaient pas nomades par volonté, ou par choix culturel, mais plutôt par nécessité, pour ne pas dire, par obligation ?

La majeure partie des Roms d’Europe centrale sont sédentarisés depuis déjà bien longtemps. Bien qu’appartenant au même peuple, ils ne sont pas à confondre avec les Tsiganes de France, pour la majeure partie français, depuis de nombreuses générations, (ou gitans en Espagne) qui eux, ont gardé un mode de vie nomade par choix.


En dehors du fait que le bon sens devrait nous faire remarquer, que si nous continuons à les refouler, ils n’ont d’autres choix que de « voyager » à la recherche d’une terre d’asile plus hospitalière, peut être devrons nous nous demander si parmi ces nomades il n’y a pas désormais une grande partie d’entre eux qui migre à la recherche d’un endroit où ils puissent nourrir leur famille et lui donner un toit ?


N’est-il pas un peu facile et simpliste, de s’abriter derrière l’alibi de mœurs ancestrales, qui pousseraient un peuple à vaguer sans cesse de par notre continent. Il est certain, que pour notre vielle Europe qui s’enorgueillit de sa liberté de circulation, il est bien plus difficile d’admettre que plusieurs millions de ses ressortissants, vivent dans des conditions déplorables, et qu’ils doivent fuir leur terre d’origine pour des raisons strictement économiques. Il est beaucoup plus aisé de déplacer le problème sur le terrain de l’intégration culturelle qui aujourd’hui nous est servie à toutes les sauces afin de nourrir notre ignorance.


Il a bon dos, le sois disant problème d’intégration culturelle ! Et tous ceux qui d’entre nous, partageons sans sourciller cette hypocrisie, prenons bien garde, car de futurs "gens du voyage" pourraient bien se cacher parmi nos proches et nos amis, qui par nécessité, n’auront peut-être pas d’autre choix que de "prendre la route" comme sont en train de commencer à le faire certains de nos cousins grecs, portugais et espagnols non par choix, mais par nécessité.

vendredi 26 octobre 2012

INFORMATION et INNOVATION : un cercle vertueux ou une relation « incestueuse » ?






La problématique soulevée ici, n’est pas l’analyse des mécanismes inter relationnels entre information et innovation, mais bien plus, la nature même des éléments  qui sous-tendent à leur relation.

Lorsque l’on se réfère au concept d’innovation on  sous-entend une création qui apporte non seulement une nouveauté, mais aussi une amélioration. Celle-ci peut être d’ordre technologique, économique, sociale, organisationnelle etc…D’une manière générale, on associe au terme d’innovation, celui de progrès.
Ceci, est un point central, car dans la pensée générale et communément acceptée, l’innovation est essentiellement positive, bénéfique, et notre société est aujourd’hui structurée afin de la maximiser  dans toutes ses formes afin de bénéficier de ses applications diverses et variées.

L’innovation est de nos jours et plus que jamais, un pilier porteur, de notre systeme économique et social. Elle bénéficie, d’un  « bene placito » généralisé qu’il peut être utile, si non nécessaire d’analyser sous une perspective impartiale et  somme toute, moins dogmatique.

Historiquement, l’information quant a elle, était munie d’un signifié beaucoup plus complexe et nuancé qu’il ne l’est de nos jours. Et cette différence est étroitement liée à l’évolution de celui d’innovation et de sa différenciation avec celui d’invention.
Traditionnellement, l’information était réservée à une élite. Aussi bien sa formulation, que les véhicules de transmission de celle-ci, étaient soigneusement  codifiés. L’information était entourée d’une aura de méfiance et de crainte afin de mieux  la contrôler, et contrairement à ce que l’on pourrait penser de nos jours, l’acception de puissance et  pouvoir  qui y étaient associés dès la préhistoire, était incommensurablement supérieure à celle dont elle bénéficie de nos jours.
Pour s’en convaincre il i suffit de se souvenir de l’importance  et de la fondamentalité  dans notre culture, du concept de mystère  (ce qui est caché au profane et réservé à l’initié) dans son acceptation religieuse et sociale, et de ses répercutions encore très présentes de nos jours jusque dans l’inconscient collectif.

Sans tomber dans une diatribe infructueuse sur qui de l’information  ou de l’innovation enfante originellement  l’un et l’autre, ce qui revient somme toute à discuter de la primatie entre l’œuf et la poule,  on peut sans aucun doute établir une corrélation entre la genèse de la terminologie d’innovation  telle qu’elle est entendue de nos jours, avec la « libération » de l’information, d’abord de l’enclave religieuse, puis de celle scientifique.
Avec le développement  industriel et économique qu’a connu la civilisation occidentale durant ces derniers siècles, l’information s’est libérée de sa connotation élitique et sa globalisation a été de pair avec les développements  et innovations dans notre société.
D’autre part, Il est remarquable qu’en moins de 300 ans, se soit opérée une inversion complète de la connotation émotionnelle associée à la terminologie d’information. Nous sommes passés d’un apriori  chargé de crainte et mystère à celui de liberté et progrès.

L’innovation étant nécessaire à la survie de notre système économico-social, l’information est devenue sacro-sainte pour des raisons bien différentes à celle des derniers millénaires, pour ne pas dire opposées.
Sous l’étendard d’un utilitarisme avoué,  information et innovation se sont liés d’un lien indéfectible.
Cependant, il est utile de se demander quelles conséquences et quels dangers potentiels peuvent dérivés de cette surcharge conceptuelle et mutante,  associée à la terminologie d’ »information ».
Si dans le passé la connotation qui lui était associée à clairement bridé et ralenti les changements et évolutions au sein de notre société, est-il absurde de craindre que sa libéralisation telle qu’on la connait aujourd’hui, puisse avoir des implications potentiellement négatives ?
L’information est sensée être une donnée dont la qualité intrinsèque dépend du contenu de celle-ci et de l’appréciation de ceux  ou celles qui l’utilise. Seul son contenu devrait en théorie être chargé de sens et de valeur. Cependant, notre histoire nous a montré que le signifié du concept même, n’est pas neutre et que celui-ci a un impact majeur sur l’utilisation du contenu lui-même.
En effet, le signifié du terme information a prouvé qu’il peut être soumis à une charge politique, sociale et économique tellement forte que en l’espace de quelques décennies, sa perception a opéré une inversion à 180 degré.

Ceci doit nous amener à nous poser la question, en toute sincérité, de savoir si, ce qui au départ est apparu clairement comme un cercle vertueux entre ces deux concepts, n’est pas devenu, ou sur le point de devenir, une relation trop souvent  incestueuse qui peut porter  préjudice au développement sein et cohérent de notre société.
A quel moment passe ton d’un cercle vertueux à une relation « incestueuse » entre ces deux concepts ?

Conceptuellement, on peut dire que  la relation qui unit information et innovation, est vertueuse tant que l’on ne peut différencier la primatie de l’un par rapport à l’autre.  L’un alimente l’autre et vice versa. La relation entre les éléments en question, est duelle, mais sa structure est globalement unitaire. L’équilibre est préservé par l’indéfinibilité de la relation causale qui les unit. Une sorte de mécanisme  d’indétermination quantique  ou on ne  peut pas connaitre à la fois la vitesse et la position d’une particule qui n’a pas de localisation précise avant sa mesure.
De la même manière, du moment où l’on peut identifier une intentionnalité dans la mesure de la   relation de causalité entre les deux notions, nous somme témoin d’une  manipulation qui elle est susceptible de dérives potentiellement dangereuses.

Exprimons ce concept en des termes différents.
Pendant longtemps, information et innovation se sont nourris mutuellement sans qu’une volonté politique, au sens large du terme, n’interviennent pour incrémenter l’une ou l’autre de manière indépendante. Un mécanisme ‘boule de neige » s’est amplifié avec les années, ou plus d’informations, a  amener à plus d’innovation ; ainsi de suite et vice versa. Ce processus entre ces deux éléments,  a commencé  par évoluer de manière indépendante et autonome.
Petit à petit, et face à des besoins de croissance continus pour maintenir notre système économique et financier, dans un besoin de mouvance cinétique indispensable à son maintien, il est apparu clairement que l’innovation était devenue indispensable au maintien de la croissance. Piloter et favoriser l’innovation devenaient une priorité. Compte tenu, de la relation indissociable  entre innovation et information, il est apparu tout naturellement prépondérant, de piloter et  favoriser aussi les échanges d’informations.  L’ère de la communication et des télécommunications  venait de naitre. Celle de la mesure programmée  de l’information et de l’innovation  aussi.
Est-ce nécessairement dangereux et préjudiciable ? Non. Sommes-nous exempts de dérives et dommages collatéraux ? Non plus. Cependant nos gouvernements, les dirigeants d’entreprises, les medias doivent en tenir compte et ne pas se plier au dogme réconfortant qui laisse croire que toutes les activités et mesures visant à favoriser l’information et l’innovation sont nécessairement bénéfiques sur le moyen et long termes. Le vrai danger étant surtout de dénaturer et dévaloriser  l’information et l’innovation, qui comme nous le savons sont aujourd’hui  des composantes indispensable au maintien de notre mode de vie et de notre civilisation.
Expliquons nous un peu plus en détails sur ces dangers.

Comme nous l’avons vu, précédemment, à vouloir ou devoir, piloter, programmer et organiser l’information et l’innovation, nous avons cassé les mécanismes naturels qui maintenaient une relation vertueuse entre information et innovation.
De nos jours il est fréquent de constater les mécanismes et les préjudices d’une telle démarche dans de nombreux secteurs de notre société. Le but n’est pas d’en faire une liste exhaustive, mais de montrer certain effets pervers que ceux-ci ont quotidiennement dans notre société.

D’un côté,
Certaines informations sont potentiellement susceptibles de favoriser  l’innovation, mais sont en définitive, fondamentalement destinées à manipuler les perceptions et décisions d’un public visé.  L’innovation devient théoriquement possible, mais le seul fait de sa possibilité de réalisation, est suffisant à créer l’effet désiré sans pour autant que cette innovation soit réalisé effectivement. L’innovation potentielle devient suffisante, même si elle n’est pas actée. Sur le moyen terme, nous donnons naissance à un mode de fonctionnement basé sur la potentialisation et la virtualisation des progrès futurs, qui sont cependant «  comptabilisé » dès à présent. En gros,  les crédits à la consommation et à la production n’étant plus suffisants pour maintenir le système en mouvement, nous sommes en train de fomenter un system de crédit  à  la production et consommation  de besoin et services  destinés à rester virtuel et potentiels. En d’autres mots, nous organisons un système de crédits à la spéculation dans son acception malheureusement la plus générale.
De nombreuses entreprises, et non des moindres sont valorisées en grosse partie  de cette manière. Un exemple parmi d’autres, FACEBOOK est rentré en bourse pour une valeur de 105 milliards de dollars, alors que son business model n’est pas encore validé. 

D’un autre côté,
Certaines  innovations ont pour finalité de créer de l’information.  L’innovation devient support de communication et  véhicule marketing. Rares ne sont pas les mesures  ou dispositifs innovants décidés par nos dirigeant tant au niveau national qu’européen ou mondial et dont la finalité première n’est pas tant la mise en place de tel ou tel dispositif innovateur, mais plutôt l’information qui y est associée  qui est sensée rassurer  l’opinion publique, les marches financiers   etc.

Ainsi, si d’une part l’information est de moins en moins  envisagée comme support de l’innovation car à elle seule ,elle est capable de produire les mêmes effets attendu de l’innovation,  et que d’un autre cote l’innovation est de plus en plus au service de l’information, nous sommes en droit de se demander si le cercle vertueux qui reliait ces deux concepts, n’est pas en train de se muter en relation incestueuse dans laquelle, l’information est la fois mère et progéniture .

Aussi, il est légitime de se demander à quelles conséquences perverses nous nous exposons lorsque nous organisons par différentes méthodologies un meilleur échange de l’information pour améliorer et facilite l’innovation au sein de notre société:

Sur le plan économique, comme nous l’avons vu, le risque est d’augmenter de manière déséquilibrée la dématérialisation des processus de création de valeur. Mais aussi de motiver de manière excessive des innovations, qui deviennent de moins en moins source de progrès, et de plus en plus  outil d’information ou de désinformation selon la perspective envisagée.  
Rappelons, en outre, qu’il n’y a aucune commune mesure entre le niveau d’augmentation de la circulation de l’information et celui du nombre d’innovation crées. Cette donnée à elle seule, devrait nous interpeler sur la qualité de relation entre information et innovation et aussi sur les conséquences  et impacts que peut avoir une telle suralimentation  de l’information dans la diète économique et sociale quotidienne.

Sur le plan de la finance, le risque est d’alimenter le décalage déjà trop important entre le secteur  productif et celui financier en favorisant  une création de valeur au travers de processus spéculatif immateriels.
Mais somme toute, d’autres pourraient penser que les conséquences les plus sérieuses d’un manque de contrôle de la divulgation de  l’information et d’une politique qui tendrait à la favoriser a tout prix, est surtout liée à ses impacts sociologiques et comportementaux.
Logiquement, une société dont le développement se  base de plus en plus sur un élément dématérialisé et transitoire comme l’est  l’information, est destinée à connaitre des mutations sociologiques et psychologique qui suivent la même tendance.
Cette incidence a toujours été particulièrement sous-estimée par nos dirigeants  et pourrait bien devenir très rapidement l’élément essentiel qui met en échec  toutes tentative pour faire perdurer  notre système économico social que nous nous efforçons à préserver.

Nous voyons bien au travers de cette crise mondiale que le système a évolué, au cours des dernières décennies,  dans une dynamique qui se doit d’être corrigée  et assainie par un mode de développement plus cohérent, au travers duquel,  la richesse se doit d’être créee  par des moyens moins transitoires et virtuels, plus concrets et projeté dans un  futur moins immédiat.

La course effrénée a l’information et à l’innovation, rend la première toute puissante, et asservie  la deuxième à des besoins conjoncturels, dans une optique de plus en plus à court terme,  qui laisse de côté le caractère fondamental lié au progrès qu’est supposé avoir tout développement innovant.
Cette manière de concevoir le « temps de l’information » comme l’étalon temporel de toute manifestation productive dans laquelle s’insère inévitablement aussi l’activité d’innovation, rend difficulteuse toute tentative de projection de notre mode de pensée, de notre faculté à produire de la richesse , et de la consommer,  dans un futur qui se doit d’être suffisamment éloigné pour que l’on puisse récolter  les fruits des investissements passés, et  a qui nous avons donné le temps nécessaire pour être porte à juste maturité.
On conçoit aujourd’hui que l’activité spéculative doit être redimensionnée, que les états tout  comme les particuliers, sont appelés a plus de  rigueur budgétaire et que le crédit conçu comme moteur  de croissance a atteint ses propres limites.  Des notions  comme le travail, l’effort et le sacrifie sont réactualisée dans une société qui avait été élevée à la mamelle du droit,  qui est une  notion de principe, et qui se retrouve d’un coup, sevrée au  biberon du devoir, notion qui fait appel à des actes concrets et pragmatiques.

Néanmoins avons-nous les ressources mentales nécessaires afin d’opérer un tel changement. Les générations actuelles sont-elles armées psychologiquement à accepter ce nouvel état de conscience indispensable à la survie des acquis basiques et fondamentaux d’un mode de vie  que nous ne pouvons plus nous permettre ?
Le caractère transitoire de notre implication individuelle, ne commence-t-il pas à fragiliser notre propre conscience identitaire et sociale ? Les socles même de notre engagement communautaire, comme celui de la  cellule familiale, ou bien encore de la conscience nationale, ne deviennent-ils  pas eux même victimes d’une incapacité culturelle à s’investir dans un futur que l’on n’est plus capable de penser ? Sur le plan psychique, ne constatons nous  pas une réelle et rependue difficulté à pouvoir réaliser un investissement émotionnel et affectif en dehors d’une dynamique basée sur un  concept éphémère du sentiment, de l’emotion et de la relation,  que l’on ramène dans  le giron de la consommation ?

D’une manière plus générale, un paradoxe est en train d’apparaitre et peu sont ceux qui semblent s’intéresser à en analyser ses mécanismes et ses implications: celui d’une société qui n’a jamais été aussi  matérialiste et qui tend inéluctablement pour la survie de son model, vers la dématérialisation de ses ressources, de ses outils  de développement ainsi que de sa propre consommation.

L’information est à la base de notre connaissance et de notre manière de pensée. Une gestion correcte et rationalisée de celle-ci laisse entrevoir des enjeux  qui dépassent de beaucoup les rapports qu’elle entretien avec l’innovation. Désormais, la question de la relation entre information et innovation telle quelle est envisagée, est dépassée et elle se doit d’être réévaluée dans une optique sociétale holistique.